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Déc
06

LE CHIEN NOIR DE LA CHAPELLE SAINTE-ANNE

Anciennement, les environs de la grotte Sainte-Anne étaient un des endroits sinistres de la vallée de l’Ourthe. La légende dit qu’on y voyait souvent errer dans les ténèbres un grand chien noir aux yeux flamboyants. C’est pour purifier ce lieu mal famé, qu’au début du XVIIe siècle, on y érigea une petite chapelle dédiée à Sainte-Anne. Malgré cette précaution, le chien noir continua à rôder en cet endroit.

D’après les archives de la cathédrale Saint-Lambert de Liège, un fait tragique s’est déroulé à proximité de la chapelle dans la soirée du 3 mars 1777.

A cette époque, la veuve Elisabeth Riguel et sa nièce Thérèse Piéteur tenaient l’auberge du Ponton d’Ourthe, en bordure de la rivière et en aval de la grotte Sainte-Anne.. Ce 3 mars, deux marchands juifs, les frères Schwartz, venus loger à l’auberge, attendent leur cousin Jacob, lui aussi colporteur, dont l’arrivée est prévue vers 21 heures.

Devant l’assemblée incrédule des marchands, de la nièce et de son fiancé Antoine Plob, la mère Riguel manifeste sa crainte d’une mauvaise rencontre avec le chien noir devant le rocher de la chapelle Sainte-Anne. Son fiancé parti, les frères Schwartz propose à Thérèse un coupon de belle soie noire si elle ose se rendre seule à la chapelle à la rencontre de leur cousin. Le marché est conclu.

Arrivée à proximité de la chapelle, Thérèse entend un bruit de pas provenant du sentier qui descend du hameau de Cortil vers la rivière, suivi d’un profond silence. Puis, inquiète, elle aperçoit une masse sombre qui se dessine sur le mur de la chapelle et dont la forme est plutôt celle d’un gros chien replié sur lui-même. Peu après, venant de Méry, le colporteur Jacob , portant sur le dos un paquet volumineux apparaît à hauteur de la chapelle et de l’animal immobile. Celui-ci se précipite sur Jacob. C’est en réalité un homme qui, après une lutte acharnée, pousse dans l’Ourthe le pauvre colporteur qui emporte avec lui une pièce d’étoffe de couleur sombre. L’assassin s’enfuit avec le paquet de Jacob.

Inquiets de l’absence prolongée de Thérèse, les deux marchants hébergés à l’Auberge partent à sa recherche en longeant l’Ourthe sur laquelle ils aperçoivent, flottant sur l’eau, une pièce d’étoffe noire qui  est la houppelande du fiancé de Thérèse. De retour à l’auberge, celle-ci raconte sa triste aventure et comprend avec horreur que son fiancé est l’assassin de Jacob.

La justice suit son cours et Antoine Plob est jugé et pendu. La pauvre Thérèse est placée à l’hospice des femmes insensées de Liège d’où, après dix ans, elle s’évade pour venir mourir au pied de la chapelle Sainte-Anne.

D’après Marcellin La Garde, le Val de l’Ourthe, Ed. J. Petitpas, Bomal, 3e Ed. 1976

Willy DUHAMEAU

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