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Jan
03

PELERINAGE A SAINT-LEGER

 

Eglise St-Léger à Tilff

PELERINAGE A SAINT-LEGER
 
L’église de Tilff est placée sous le vocable de Saint-Léger, Evêque d’Autun, mort en martyr, le 2 octobre 678.
 
Pourquoi une église à Tilff dédiée à un évêque d’une ville de Bourgogne ?
 
Lors de son vivant, de nombreuses divisions déchiraient cette région. C’est ainsi que lors d’un siège de la ville d’Autun, en 673, l’évêque Léger fut obligé de se livrer à son ennemi Ebroïn, maire de palais neustrien, afin d’épargner la cité. On lui creva les yeux et on lui coupa la langue et les lèvres. Il fut interné dans un couvent de religieuses où, par miracle, il retrouva l’usage de la parole. Pour qu’il se taise définitivement, son ennemi le fit décapiter le 2 octobre 678.
 
 Cette triste histoire fut véhiculée chez nous par des moines bourguignons qui parcouraient notre région et qui y fondèrent plusieurs abbayes dont celle de Stavelot.
 
C’est probablement en sa mémoire que l’église de Tilff fut dédiée à Saint-Léger.
 
Plus tard, en 1755, l’église reçoit du Chapitre Saint-Martin de Liège une relique de son saint patron.

C’était un fragment de radius contenu dans une relique en forme de bras.
 
Saint-Léger est vénéré pour ses aptitudes à guérir les céphalées, migraines, fièvres cérébrales et autres maladies de la tête. C’est pourquoi, à une certaine époque, lors de la fête du village le premier dimanche d’octobre, un pèlerinage à Saint-Léger attire à Tilff une foule nombreuse venant en cortège de Liège et des environs de Tilff, foule où se mêlent les habitants de la localité.
 
Auguste HOCK, poète et humoriste,  nous relate en détail l’un de ces pèlerinages (*):
 
Dès le matin de ce jour de grand pèlerinage, les chemins conduisant à Tilff se remplissent de bandes d’ouvriers en habit de gala : la blouse bien plissée pour les hommes et des toilettes aux couleurs brillantes pour les femmes. Tous les habitants d’une même rue ou parfois d’une paroisse ou d’un quartier se rassemblent et partent en caravane chargés de nombreux paniers remplis de victuailles diverses : pains, œufs, fromages, charcuteries, boulettes de viande, gozettes aux pommes, tartes au riz, sans oublier les nombreuses bouteilles de pèket et d’autres liqueurs pour les dames.
 
Les vrais pèlerins assistent,  tôt le matin, à la grand’messe et embrassent la relique du saint. Après la messe, ils participent avec les autres à cette grande fête animée de musiques, cramignons, danses, parties de jeux de quilles organisées par les dames et autres jeux.
 
A l’heure du repas de midi, tout le village se transforme en une énorme table d’hôte. C’est « la table du Bon Dieu ». Celui qui en a plus donne à celui qui en a moins. On partage le contenu des cabas, les bouteilles circulent.
 
Et la fête se poursuit jusque la fin de l’après-midi. Il faut alors songer au retour. Mais avant de quitter Tilff, les participants à ce pèlerinage se souviennent, malgré les vapeurs d’alcool, de leur bon patron un peu oublié au cours de la fête et chantent en chœur :
 
 
 
Po les mâ d’tiesse on trouve cial li                                        Pour les maux de tête on trouve ici le
 
bon saint.                                                                                   bon saint.
 
C’est Saint-Ligi qu’a r’wèrou bin                                          C’est Saint-Léger qui a guéri bien
 
sovin                                                                                            souvent
 
les accâblés d’migraine.                                                          les accablés de migraine.
 
Mais quand c’est l’fiesse, si l’peûpe                                       Mais quand c’est la fête, si le peuple
 
hureux, contint                                                                           heureux, content
 
Y a beure si quinzaine                                                             Y va boire sa quinzaine
 
si l’mâ s’accrèhe Saint-Ligi n’è                                               si le mal s’accroît, Saint-Léger n’en
 
pout rin.                                                                                        peut rien.
 
 
 
Willy DUHAMEAU
 
 
(*) Auguste Hock, Croyances et remèdes populaires au pays de Liège, Edition H. Vaillant-Carmanne, 1888.
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