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Nov
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GUéS, PASSAGES D’EAU ET EMBARCADÈRES

Le premier pont de l’Ourthe construit à Esneux s’est écroulé en février 1784, un an après son achèvement et le deuxième pont n’a été mis en service qu’en 1843 ; les premiers ponts à péage de Tilff et de Hony ont été construits respectivement en 1853 et  1884.  On peut donc dire qu’avant 1843 il n’y a eu pratiquement  aucun pont sur l’Ourthe entre Amercoeur (Liège) et Comblain-au-Pont.

Il n’y avait pas d’autre solution que de passer à gué ou en bac. Dangereux ou impraticables en période de crue, les gués et les passages d’eau ont été cependant des points inévitables des voies d’échanges économiques.

Les gués (wés ou wéz en wallon)

Ils ont laissé de nombreuses traces dans la toponymie : rues Haute Wez, Basse Wez à Liège, rue du Gué d’amont  à Fêchereux.

Fig. 1. Passage à gué. Dessin du 18ème siècle

Les piétons, les troupeaux, les animaux bâtés  et les charrettes passaient de préférence en oblique vers l’aval pour profiter de la poussée du courant (Fig. 1 – 2).

(Fig. 2). Les gués sont repérés sur les anciennes cartes par  la disposition des accès.

 

 

 

Les pentes d’accès n’étaient pas toujours empierrées. Quand un gué devenait impraticable ou était déplacé à la suite d’une crue, les communautés locales devaient le rétablir à proximité, tout en évitant de dégrader les propriétés voisines.

Les passages d’eau

Sous l’Ancien Régime, le passage d’eau appartenait en général au seigneur, qui l’affermait à un exploitant. Tant à Tilff qu’à Esneux, le château seigneurial  surveillait le trafic du gué et du passage d’eau. À Tilff, le chapitre cathédral de Liège devait assurer la fourniture et l’entretien du bac qui était concédé à un passeur. À partir du régime français, l’État a pris en charge la gestion des passages d’eau et l’octroi des concessions aux passeurs.

Les  bacs ou pontons de l’Ourthe, à fond plat, mesuraient en général 14 à 16 m. de longueur, environ 1,7 m. de largeur (juste assez pour accepter une charrette) pour une hauteur d’environ 0,6 m. ; ils étaient construits en planches de 5,5 cm d’épaisseur. Leurs extrémités venaient s’engager dans un chemin d’abordage, plan incliné formé  de pieux latéraux et d’un empierrement. Le bac dit « passe-cheval »  assurait le transbordement des chevaux de halage des bètchettes là où la voie de trait changeait de rive (Tilff-centre, Lhonneux, Esneux-centre). À côté du  bac on trouvait généralement une nacelle destinée au passage des piétons et du petit bétail. Le péage était fixé en fonction de catégories (personnes, bétail, voitures,) et du  niveau de la rivière, le prix pouvant être triplé en cas de crue.

 

Gués et passages d’eau dénombrés sur l’Ourthe, en remontant le courant

Le double gué de Tilff (déjà cité en 1377) était situé en aval de l’île du Moulin et des barrages  de retenue alimentant le bief du moulin et  des usines (Fig. 3).

 

 

 

Fig. 3. Le gué de Tilff vers 1841, d’après l’Atlas des chemins communaux. Le chemin n° 9 de Cortil à Colonster traversait la rivière en aval de l’île du Moulin .

Le Mohonwé (cité dès 1618) reliait Mostroux et Sainte-Anne et un autre gué passait en aval de Crèvecoeur.

 

Le passage d’eau de Tilff (cité dès 1695) était voisin de l’église et on y accédait par l’ancienne rue du Bac rebaptisée rue Waleffe. Les crues de 1794 et 1809 l’ont rendu longtemps inutilisable, au grand dam des habitants.

 

Le village de Hony était accessible par un gué et par un passage d’eau (cité en 1536) (Fig. 4).

 

 

Fig. 4. Les gués  et le passage d’eau de Hony d’après une carte éditée en 1853. Le chemin n° 1 reliait Esneux à Méry.

On relève aussi un gué à Lhoneux, remplacé vers 1850 par un passage d’eau situé juste en amont du barrage actuel (Fig. 6). Le chemin de halage changeant de rive à cet endroit, le ponton assurait  le transbordement des chevaux qui tiraient les bateaux du canal de l’Ourthe.

Les gués de Fêchereux (1586) étaient situés sur une voie très ancienne  qui reliait le Condroz à la Hesbaye (Fig. 5).

 

 

Fig. 5. Les gués de Fêchereux et d’Esneux

Dans le sens Condroz-Hesbaye, le chemin n° 2 d’Esneux empruntait le gué d’amont pour gagner Avister ; en sens inverse, le trafic passait par chemin n° 50 et son gué d’aval. Le gué de Rosière permettait de se rendre de Ham à Plainevaux. Le gué et le passage d’eau d’Esneux, tous deux installés au pied du Vieux-Thier, desservaient  un chemin important venant de Villers-aux-Tours et allant vers  Fêchereux. Il y avait encore des gués secondaires aux Trois Couronnes, à Évieux (1559) et à Souverain-Pré.

Le gué de la Gombe, contrôlé par  les anciens châteaux de Poulseur et de Montfort,  faisait partie de l’antique voie romaine venant de Villers-aux-Tours et menant vers Liège et Lincé.

 

 

Fig. 6. L’ancien passage d’eau de Lhonneux vers 1900. Le ponton (au second plan) était retenu par un câble de traction immergé.

 

Fig. 7. Char de ferme traversant un gué en 1923. © Musée de la Vie Wallonne, Liège

Les embarcadères (19ème siècle)

Vers 1835, dans les meilleures conditions, une barque à passagers partant de Beaurepart (évêché de Liège) accostait à Tilff en face de la rue Chevalier de Sauvage après 3 heures de navigation.

On embarquait les minerais de fer extraits dans la vallée du Gobry au chargeu de Méry, autrefois sur le territoire de la commune de Sprimont.

L’embarcadère  principal d’Esneux se trouvait à Lavaux. La remontée des barques partant de Liège demandait entre 5 et 7 heures.

André Baltia

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